RELATION DB LA MORT DB MM. DB GUISE.         4~> -
sein de ce voyage, d'autant qu'elle desiroit ce duc auprès du Roy, pour s'en servir à reprendre et à main­tenir l'autorité qu'elle avoit eue auparavant au manie­ment des affaires, et pour s'en fortifier contre les inso­lences et les dédains insupportables du duc dTSspernon, qui l'avoit réduite à telle extrêmité que, quoiqu'il en pût arriver, elle étoit résolue à sa ruine, s'aidant de l'occasion présente, en ce que peu de jours auparavant il étoit parti de Paris et de la cour pour aller en Nor­mandie (0. Or, comme vous sçavez (vous y étiez le len­demain), après Ie retour de M. de Bellievre, le duc de Guise, lui neuvième, arriva dans Paris sur le midy, et alla descendre en l'hotel de la Reine mere. Un gen­tilhomme qui l'avoit vû part aussi-tôt pour en donner avis à M. de Villeroy, qu'il trouva à table n'ayant qu'à demi dîné ; et il lui dit à l'oreille : « M. de Guise est ar-« rivé ; je l'ai vû descendre chez la Reine mere du Roy. » Le sieur de Villeroy tout ébahi : « Cela ne peut être, » « dit-il.—Monsieur, dit le gentilhomme, je l'ai vû; et « s'il est vrai que vous me voyez, il est véritable que « je l'ai vû. » Il se levé soudain de table, va au Lou­vre, trouve le Roy dans son cabinet, qui n'en sçavoit rien, et n'avoit lors auprès de lui que le sieur Du Halde, l'un de ses premiers valets de chambre; et voyant arri­ver le sieur de Villeroy à heure indue, comme tout étonné, lui demanda : « Qu'y a-t-il, M. de Villeroy ? « Sortez, Du Halde. —Sire,dit-il, M. de Guise est ar-« rivé: j'ai cru qu'il étoit important au service de Votre « Majesté de l'en avertir. — Il est arrivé, dit le Roy! « Comment le sçavez-vous?—Un gentilhomme de mes
(-) Mn Norman&e : à Rouen. Il avoit été fait gouYerneur de Ia pro­vince après la mort du dae dc Joyeuse, tué à la journée de Coutras.
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